Sur ces belles paroles, laissez moi vous souhaitez à tous une très bonne année 2007. J’espère que les histoires de Djoh l’Aventurier vous plaîront toujours autant, sachez en tout cas que vous savoir lire mes lignes me donne le sourire à chaque commentaire.

Les filles de mon pays… Ah ça, un bien long sujet. J’ai essayé d’organiser un peu, j’ai été à la recherche de témoignages. J’ai pas encore expérimenté, mais ça, même en un an, c’est pas gagné. Ca se passe pas comme en France, ces choses-là, c’est le moins que l’on puisse dire…

Les bébés filles qu’on peut voir dans la rue, dans le train, ou dans tout endroit public, sont très souvent maquillées. Toutes les petites filles semblent avoir les cheveux courts, qu’elles laisseront ensuite pousser, pour les porter tresser en général. C’est marrant de voir un bébé maquillé, ça surprend aussi. On a pas vraiment l’habitude de faire ça… Elles ont aussi très souvent un anneau dans le nez, et portent des vêtements aux couleurs très vives.
Plus tard, elles pourront commencer à porter le saree, mais préfère en général le salwar kurta. L’uniforme étant obligatoire dans les écoles, les filles sont mêmes obligées de porter cet ensemble kurta/pyjama/duppatta. Seule la couleur varie suivant l’âge. A l’I2IT, plus question d’uniforme (quand même), et les filles portent au choix le salwar kurta, le saree des grands jours (formal dress), ou des vêtements occidentaux (avec marquer Paris dessus, ou Christian Dior… :p).

Ce dont je voulais surtout parler, c’est de la relation hommes/femmes, dans le campus par exemple. J’en ai déjà parlé, les interactions sont limitées. Les filles qui portent le salwar kurta tous les jours sont en général les plus traditionnelles, et autant dire qu’elles ne rentrent pas dans une chambre de garçons sans être accompagnées.
J’ai beaucoup parlé sur internet (ça a au moins le mérite d’enlever le problème de l’accent) avec une jeune fille indienne classique, qui passe son MBA à l’I2IT. Ses parents sont donc issues de la fameuse classe moyenne, même si elle vient d’un des états les plus pauvres de l’Inde. Ils sont éduqués, et on retrouve souvent des dentistes, docteurs, avocats… L’accès à ce type d’étude, qui revient au même prix qu’une école d’ingénieurs en France, n’est pas vraiment ouvert à tout le monde. Les parents de la jeune fille sont donc des parents éduqués, classique couple de la classe moyenne.
C’est classique aussi, cette jeune fille n’a jamais eu de copain. Quand on fait ses études dans une école pour filles, puis dans un lycée pour filles, et qu’on ne rencontre dans sa classe des personnes du sexe opposé que tard, ça n’aide pas. Mais de toute façon, ce n’est pas dans les moeurs.
Cela ne veut pas dire que tous sont célibataires, attention. Ceux-là auront sans doute la chance d’avoir un mariage d’amour, avec la personne qu’ils auront choisi.
Mais c’est loin de concerner la majorité. La jeune fille de toute à l’heure est tombée amoureuse d’un garçon, collègue de son école d’ingénieurs. Lui aussi aurait aimé une aventure avec elle. Mais voilà. Ici, ce n’est pas si simple.
Elle est issue d’une caste supérieure, mais pas lui. Elle s’en fiche, et lui aussi. Mais bien souvent, c’est la mère qui décide. La jeune fille a réussi à convaincre ses parents qu’un mariage d’amour est possible, mais lui a préféré se plier aux ordres de sa mère.

Cette histoire, ce n’est pas la première fois que je l’entends. En 3 mois, c’est la 4e personne que je rencontre qui n’a pas la possibilité de vivre son amour, pour un problème de caste. Le système est aboli, mais les moeurs ont la vie dure. Un brahman reste un brahman, un kshatriya un kshatriya. Et un brahman n’épouse pas un kshatriya, c’est comme ça.
L’histoire est tragique, et semble se répéter si souvent… Un de nos amis est en MBA, mais il est sudra. C’est la classe des serviteurs, la classe la plus faible (si on exclut les intouchables, qui ne forment pas véritablement une caste). Depuis 8 ans, il est avec une jolie jeune fille rencontrée pendant le lycée. Tout se passe très bien entre eux, mais ici encore, les parents ne l’entendent pas de cette façon. L’amour est là, mais ce n’est pas suffisant. Là où c’est difficile à comprendre, c’est que le fait même qu’il soit sudra n’a aucune signification. Il poursuit ses études jusqu’au plus haut diplome, dans une école chère (il a donc des parents qui peuvent payer), et a fortiori gagnera bien sa vie.
Changer de caste ne s’achète pas. Quelle que soit la position financière, un sudra reste un sudra.
Et bien chanceux il sera s’il trouve une brahmane à épouser.

La semaine prochaine, ou peut-être même avant, la position de la femme dans un foyer et ce que vont devenir ces jeunes qui ne peuvent pas sortir avec qui ils le souhaitent…
Ca c’est du teaser.