Les indiens, des fois, c’est un peu comme Hassan Sihef. C’est genre si je te prends en plus le tableau qui clignote, les chaussures en peau de croco, et que je te demande de payer que dans 2 semaines, c’est possible ? => Si si, c’est possible.

Ce matin, après un premier cours avec l’intéressante Miss Sahana, le délégué (CR, Class Representant) nous a organisé un petit Trip. D’après ce que j’avais compris, on allait voir une chute d’eau et se baigner, à peu près à 55 km de chez nous, donc 1h en bus. Et puis comme c’est un endroit génial, on comptait en plus s’y prendre un petit verre, en tout bien tout honneur. J’ai su ça hier soir, des élèves de ma classe sont venus dans ma chambre pour me forcer à venir. Vu que ça m’intéressait, ça a été assez bref. Heureusement, parce que les collègues avaient bu pas mal de whisky, pour un petit indien tout maigre, c’est fatal.
Mathieu, Armand et Thomas ayant un examen ce matin, ça leur était difficile de m’accompagner, mais en ce qui concernent les Epitech, c’est nettement plus facile. Ils ne vont jamais en cours, alors ça règle le problème de la disponibilité, forcément !
Ce matin donc, à la fin du cours, on se retrouve devant un 4×4 avec chauffeur. C’est bien pratique, ils nous emmènent où on veut, et nous suit toute la journée. Comme c’est prépayé, pas de mauvaise surprise (même si le chauffeur demande immanquablement 20 ou 50 roupees supplémentaires à l’arrivée pour cause de mauvais état de la route. Mais bien sûr, la route elle est parfaite.) Le 4×4 c’est donc sympa, sauf qu’on était 13 à partir. Même ça c’était pas très clair.
Il faut compter une heure pour que tout le monde soit prêt, que ceux qui veulent partir aient pris toutes leurs affaires et que ceux qui préféraient rester en cours y restent (oui on avait 2 cours après, mais ça c’est pas grave). Après une demi-heure, Arnaud et Youssef se pointent pour nous accompagner, heureux de voir qu’ils avaient pu dormir bien longtemps sans manquer le départ. Je demande donc s’ils peuvent nous accompagner, et dévinez quoi, “si si c’est possib’. “. Ils sont forts, ces indiens. On s’est donc retrouvé à 13 dans le 4×4, en comptant le chauffeur. Après quelques essais, la position la plus concluante est le 3-5-5. La même en France, ce serait plutot 2-3-2, c’est à dire 2 à l’avant en comptant le chauffeur, 3 sur la banquette arrière, et 2 sur les sièges du fond. Et bien c’est simple, il suffit de multiplier par deux, parce que 7 places ce sera jamais suffisant en Inde. Il faut optimiser.

11h, nous voilà donc parti, dans notre 4×4 bien rempli. Un premier arrêt au distributeur, un autre pour je ne sais quelle raison obscure, un troisième pour acheter à boire, un quatrième pour faire le plein et acheter des fruits. Et pas n’importe quel fruit ! Je n’ai pas trouvé le nom, je n’ai pas bien compris, et quand j’ai goûté j’ai tout oublié d’un coup. C’est vert, et on trouve des vendeurs tous les 25 mètres sur les routes fréquentées.

Le fruit interdit

Le vendeur est dans la tenue traditionnelle du Maharastra, à gauche mon pote Satyendra (ça veut dire le dieu de la vérité dans un des très nombreux dialectes indiens). Mais je l’appelle Satyen, c’est plus facile. Le fruit bien vert est coupé en quartiers par le vendeur, qui glisse entre les morceaux un peu de sel et des épices. Bah oui, au cas où ce serait pas déjà hyper amer et pas bon du tout, on renforce un peu le goût et on fait verser des larmes à celui qui en mange. Comme Satyen c’est un mec Cool Up, il en a acheté pour tout le monde, nous 3 français compris. Youssef fait le ramadan, Arnaud et moi n’avons pas réussi à manger un demi quartier. Leur truc, c’est vraiment dégueu.

En chemin, c’est toujours sympa, un flic nous demande de nous arrêter. Dans ces cas-là, tu t’arrêtes où tu veux (mais en Inde ils font toujours ça de toute façon), puis tu sors de ta voiture et tu vas jusqu’au flic qui t’a demandé de t’arrêter. 13 dans un 4×4, c’est interdit, c’est trop. Le maximum c’est 9. Donc dans ces cas-là, faut payer. Dans quelle mesure ce n’est pas un backshish, je ne sais pas trop. D’habitude, faut compter 20 à 30 roupees pour un tel délit (moins de 50 cts d’euro), mais là on a du payer 100 Roupees (donc 2 euros). La ruine.

La première étape, normalement à 1h de route, était en fait à plus de 2h. Un lieu assez touristique, nous n’étions pas les seuls blancs, et ça c’est pas souvent. Par contre, pas grand chose à voir, si ce n’est des escaliers qui mènent à un étang artificiel, mais en marchant le long les pieds dans l’eau, j’ai senti beaucoup trop de choses vivantes sur mes pieds. Et ça c’est pas agréable. Laisse tes pieds plus de 10 secondes sans bouger, et quelque chose viendra immanquablement te chatouiller. Très peu pour moi. Avant de partir, petit gateau apéro : des ognions frits. Avec juste un poil d’épices, pourquoi pas.
Je ne compte pas ensuite les arrêts photos, et puis les arrêts pour acheter des verres en plastique, des cigarettes (…).

Et après on repart tous dans le même 4x4 !

La deuxième vraie étape, un paradis pour très riches indiens. Je m’étonnais de voir une route en parfait état, j’ai compris quand j’ai vu l’aéroport privé. Le complexe résidentiel le plus cher de l’Inde se trouve au bout de cette route, qui aurait presque l’allure d’une route française. Les résidences sont des villas 7 étoiles, les propriétaires sont la famille Armani, des grands joueurs de Cricket, des très riches industriels… Une demi-heure de route à 13 dans une même voiture pour voir des grandes grilles et savoir que derrière, y a des super barraques, faut vraiment avoir une notion différente du temps !
Avant de voir les fameuses chutes d’eau, nous avons profité d’un très beau paysage pour refaire quelques photos. Incroyable de voir à quel point les indiens aiment ça !

Paysage numéro 2

Portrait

Siddharth

La troisième étape était enfin les fameuses Waterfall, chutes d’eau connues de tous les étudiants de l’école. On s’attendait à quelque chose de grandiose, avec un super endroit pour se baigner et tout. Quelle déception !

WaterFall

Pour se baigner, c’est en fait le petit trou d’eau qu’on voit en bas de la photo. Après un moment d’hésitation, dû aux très nombreuses bestioles dans l’eau, nous y sommes allés. C’était assez sympa, et l’eau pas si sale. Nos docteurs nous ont tous fortement déconseillé de nous baigner, mais dans des eaux stagnantes. Ici, ça semblait assez propre, ça sentait pas mauvais, et les quelques bestioles, on a les mêmes en France, rien de bien grave (en tout cas pour l’instant 😉 ) Après une petite baignade raffraichissante, nous sommes allés dans une des petites cabanes qu’on trouve au bord des routes. Là nous avons mangé du mais grillé et bu un thé au lait et aux épices particulièrement bon. Evidemment dans la cabane, pas d’électricité ni d’eau courante, et c’est toute la famille qui vit là. Le thé (Chai en Hindi) est fait dans la région avec beaucoup de lait, et je n’aurais pas aimé voir le stockage de ce lait. En tout cas, les épices ont au moins l’avantage de cacher tous les mauvais gouts possibles !

Sur le chemin du retour, commande de pizza chez Smokin Joe, ça va je connaissais plutot bien le menu. Comme il est interdit de consommer de l’alcool dans la quasi totalité des restaurants, et que les bars n’existent pas, nous avons acheté des bières à emporter avec nos pizzas. Nous avons repris le 4×4 pour manger devant un autre très beau paysage. Le soleil se couchant, je me suis fait allumer par les moustiques, ils m’adorent !

J’ai oublié de préciser quelque chose quant au trajet. Pendant une des nombreuses pauses sur la route, Siddharth a acheté une K7 audio. Nous l’avons écouté une dizaine de fois, en boucle, avec les 10 indiens qui chantaient dans le 4×4. En plus de ça, je n’ai jamais mentionné la facilité avec laquelle les indiens touchent, carressent, prennent la main, etc. Ils ont plutot le contact facile, en fait. Deux indiens qui se tiennent par la main est une simple preuve d’amitié, même si forcément ça nous fait plutot marrer. Sauf que là, on commence à devenir leur ami, alors ils le prouvent. Mathieu s’est fait carresser la cuisse en cours pendant que le gars lui parlait, le regardant droit dans les yeux. Un des élèves de ma classe aime bien me demander de le suivre en me mettant sa main dans mon dos et en me poussant, le tout bien sûr en se collant à moi. Mais là, dans la voiture, c’était un peu trop. Le mec qui te carresse le genou, ça a beau être une preuve d’amitié pour lui, moi j’ai encore un peu de mal…
On voudrait pas les décevoir, et c’est vrai qu’ils sont vraiment sympas de nous emmener comme ça. En plus, ils ont payé plein de choses pendant tout le trajet, ils nous ont offert des trucs à manger, à boire… Et c’est toujours comme ça !
N’empêche que 13 dans un 4×4 pendant de longues heures, faut avoir une certaine patience…