Ce titre a été inventé par l’Araignée.

Noël, m’ont dit les expatriés, est une des périodes difficiles quand on est loin de ses proches. Mais en fait, ça va. C’est parce que je sais que vous êtes si nombreux à me lire, que j’ai souvent l’occasion de chatter sur google talk, et que j’ai reçu du Cochonou (le bon goût comme on l’aime chez nous).
J’ai aussi reçu un bloc de foie gras, que j’ai fièrement montré à VD, une fille super de MBA. J’ai essayé de lui expliquer ce que c’était, mais je me suis assez vite arrêté. Le fait qu’elle soit Veg m’était complètement sorti de la tête, alors allez expliquer qu’on gave un canard pour lui prendre ensuite son foie… Moyen.
On revenait du temple, ça fait deux fois que j’y vais et l’endroit est vraiment agréable. Il faut d’abord traverser l’IT Park et ses riches entreprises, rentrer dans le village, avec ses innombrables boutiques où on trouve tout, et finalement passer à travers un bidon ville. Quelques marches (10 minutes à grimper en plein soleil), et nous voilà rendu sur le plus haut point du village. La vue y est magnifique.
Le temple est dédié à Ganesh et Shiva, il n’a rien d’extraordinaire mais la vue qu’on a sur les alentours et la fraîcheur qu’on y trouve me font apprécier. On est resté assis à observer les magnifiques oiseaux aux reflets vert argenté pendant un long moment, à discuter, et à manger les sucreries offertes par un hindou qui passait. Une belle preuve de leur ouverture d’esprit ! Quand un indien arrive au temple pour faire une offrande, il emmène la boîte entière, offre aux dieux une sucrerie et partage les restantes avec tous les gens présents, hindou ou pas, indiens ou pas, riches ou pas.
J’ai beaucoup parlé ces jours-ci avec différents indiens, et avec le frangin d’Armand qu’est arrivé avant-hier avec sa copine, à propos du gouffre financier qui sépare la soi disante classe moyenne des gens du village. Au retour de Pune City en moto, Parag m’a proposé de visiter la Phase 2 de l’IT Park, le prolongement de notre IT Park qu’on connait bien. J’ai été plus qu’étonné de découvrir la taille des batiments et leur architecture si recherchée. Infosys, qui est la compagnie IT la plus connue et la plus riche de l’Inde, y a fait construire un mentos géant, un bâtiment rond en verre dans lequel 3000 personnes travaillent. Le batiment ressemble fortement à une soucoupe volante qui se serait écrasée et serait restée planter dans le sol. Une gigantesque architecture dans laquelle des ingénieurs indiens travaillent comme des robots.
J’ai demandé à Parag : “Mais est-ce vraiment l’Inde ?”.

De même, lorsque plus tot dans la journée nous étions à Pune (en costard pour démarcher des entreprises), nous avons été au McDo. Là, nous avons vu débarquer une quinzaine de gamines, 14 15 ans, en tenue occidentale, qui parlait dans un anglais moins indien que d’habitude. Pas d’hindi, pas de parents pour les accompagner, les gamines se payaient leur McDo. En sortant, une petite fille dans la rue m’a demandé 2 roupees, 4 cts d’euro. Le choc. Le choc d’une inde à 2 niveaux, où la soit disante classe moyenne autorise ses enfants à se payer des McDO après les cours, et où la classe inférieure vit sous des tentes.
En haut de la colline d’Hinjawadi, dos au temple, ce paysage d’entreprises si énormes et si riches, et tant de nouveaux batiments en construction (un nouveau mentos géant, entre autres). Au premier plan, une de celles que nous appelons “les druides”, ces femmes en saris qui nettoyent les jardins, arrosent, et coupent la pelouse aux ciseaux.
J’étais donc là haut, au temple, en train de manger les sucreries si gentiment offertes par un habitant du village, à discuter avec Vaidehi de ce gap qui sépare les riches des pauvres. Elle me demandait si j’avais remarqué qu’à la cafétaria, elle priait avant chaque repas. Je lui ai dit que oui, elle m’a expliqué qu’elle le fait pour remercier les dieux d’avoir à manger, même si la nourriture n’est pas excellente, car ce n’était pas le cas de tout le monde et qu’il n’y avait pas besoin d’aller très loin du campus pour le vérifier.
Malgré tout, lorsqu’on traverse le quartier pauvre du village, VD en TShirt Christian Dior et moi, blanc, mon appareil photo numérique à la main, les regards des villageois ne sont jamais jaloux, aggressifs, ou quoi que ce soit de négatif. Au temple se retrouvent tous les niveaux de richesse sans aucun problème, même dans un village à coté duquel fleurissent ces bâtiments énormes.

A la question “Est-ce vraiment l’Inde”, la réponse est oui, très certainement. L’Inde, qui en plus de rassembler tant de cultures, de langues et de religions différents, fait se fréquenter tous les niveaux de richesse au quotidien.

Je commence à découvrir les filles de ma classe, mais autant dire que l’organisation du 31 décembre n’est pas chose facile. Elles n’ont jamais été en discothèque, aucune d’elles, ni d’ailleurs dans un bar. Jamais. Alors trouver un endroit qui plaise à tout le monde, où on peut manger, boire, danser, et réussir à convaincre tout le monde que non, ce ne sont pas des endroits réservés aux mauvaises filles et aux mauvais garçons… Pas facile facile !
J’ai confiance, Noël s’est très bien passé, les gateaux ont été tès appréciés (même si les filles ont un moment eu peur que j’ai cuisiné avec de l’alcool), la bouteille de Merlot s’est retrouvée vide très vite, sans qu’aucune des filles ne veuillent rien que tremper les lèvres dans un verre, et les truffes ont disparu en 3 minutes chrono. On était entre 25 et 30 dans ma chambre, un air de soirée comme les si nombreuses que j’ai pu faire à Angers…

Une très heureuse année 2007 à tous, et pour ceux qui l’ont, n’oubliez pas de sortir le calendrier !